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Channel: Laurine – Fractale framboise
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The Bloody Chamber — Angela Carter

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The Bloody ChamberLes amateurs de contes pour adultes doivent absolument lire The Bloody Chamber d’Angela Carter, qui propose une version tout à fait personnelle de légendes populaires. Avec une prose élégante et fleurie, elle dépeint des décors d’une fabuleuse décrépitude, des personnages mi-humains et des comportements bestiaux qui contrastent violemment avec l’innocence des héros. Les rôles sont inversés ou réinventés, jetant un éclairage nouveau sur des rebondissements et des dénouements que l’on tenait pour acquis, le tout dans une ambiance gothique presque surannée.

La plus longue nouvelle du lot, « The Bloody Chamber » situe Barbe bleue dans un magnifique château breton coupé de la terre ferme au gré des marées. La jeune épouse du Marquis va bien sûr explorer, alors qu’il est absent, l’unique pièce dont il lui a interdit l’accès, mais vous connaissez l’histoire. Ici, l’horreur se déroule dans un luxe décadent où plane l’odeur lourde et collante des lys dont le Marquis semble raffoler. La mariée, un curieux mélange d’innocence et de rouerie, s’avérera pleine de ressources dans cet environnement somptueux, pourrissant, et dont le passé est entaché de quantités considérables de sang.

Une variation sur La Belle et la Bête, « The Courtship of Mr Lyon » reste assez proche de la formule connue. Le père cède sa fille à un homme monstrueux après avoir commis l’erreur d’avoir cueilli une rose de son jardin. L’intérêt de l’intrigue repose sur la manière délicate dont l’auteure décrit la Bête, intimidante, solitaire, mélancolique, mais ayant conservé toutes ses manières. Et, comme Barbe bleue, cette Bête vit dans un luxe opulent. S’ensuit l’arrivée de la jeune fille et l’apprivoisement mutuel de ces deux êtres fondamentalement différents, qui réussissent néanmoins à établir une curieuse amitié.

« The Tiger’s Bride » est une autre reprise de La Belle et la Bête, cette fois en donnant un rôle remanié aux personnages. Le père et la fille sont riches, mais lui est accroc au jeu et il la perd, elle, dans une vulgaire partie de cartes. La relation entre la Bête et la Belle qui s’ensuit n’a rien d’aisé et ne joue aucunement sur des rapports purement amicaux. La Bête essaie plutôt de voir la Belle sans son accoutrement d’humaine et, ne parvenant pas à la convaincre, décide de se montrer sans ses propres artifices. Il y a énormément place à la métaphore, ici, surtout que la Belle est celle qui finit par se transformer.

« Puss-in-Boots » raconte avec force traits d’humour et culbutes comment le Chat botté a aidé son maître, un escroc et un charlatan, à épouser la femme de sa vie et à devenir un bon père de famille. Curieux récit, mordant par bout, car le chat est d’un pragmatisme désarmant.

« The Erl-King » (l’Erlkönig ou le Roi des Aulnes en français) est une créature un peu moins connue qui tire ses origines de la Scandinavie. Il s’agit d’une variante des elfes qui n’a rien à voir avec ceux de Tolkien. Au contraire, ce monstre attire les humains comme le ferait une sirène. Cependant, sa future victime n’a nullement l’intention de finir ses jours dans sa collection de conquêtes. Elle joue la fille soumise jusqu’à ce que l’occasion se présente de retourner la situation en sa faveur.

« The Snow Child » est un texte très court et surréaliste qui s’inspire de Blanche-Neige. Cette fois, c’est le père qui formule le vœu d’avoir une enfant blanche comme la neige, noire comme le corbeau et rouge comme la rose. Son souhait, cependant, ne fait pas le bonheur de son épouse légitime. Détail curieux, le pouvoir semble être symbolisé par le nombre de vêtements que porte une femme.

L’unique histoire de vampire du recueil, « The Lady of the House of Love » présente une créature condamnée à se nourrir de sang humain et à périr d’ennui dans son vaste domaine rongé par le temps et les moisissures. Mais la belle décide d’abandonner son rôle de monstre devant le héros désarmant d’innocence qui se présente chez elle. Encore une fois, le décor en est un de richesse décadente et pourrissante, et de lignée pervertie défaite par son contraire.

« The Werewolf », « The Company of Wolves » et « Wolf-Alice » tournent tous les trois autour du thème du loup-garou, mais chacun le présente dans un contexte différent, quoique l’animal soit chaque fois conquis d’une manière ou d’une autre par une jeune fille innocente, mais frondeuse, qui n’a pas peur de quitter le sentier sécuritaire qu’elle est censée suivre. À noter, « The Company of Wolves » a inspiré le beau film éponyme de Neil Jordan. Cette nouvelle a l’avantage de proposer, en plus de l’histoire principale, une série de vignettes, celles-ci se retrouvant dans le film.


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